Biographie
Diplômé en théorie du cinéma (Esthétique du film et Narratologie) à Paris III, Jim Delarge est un pur autodidacte dans le domaine des arts plastiques où il excelle depuis 1993.
Passionné depuis toujours de biologie, de tératologie, de poésie, de psychologie de la réception et de bien d’autres choses encore, Jim Delarge a, dès 1994, mis au point une technique mixte particulière sur un support peu usité. Il utilise des panneaux de bois mélaminé de grand, moyen ou petit format, sur lesquels se côtoient lacs de résine, pigments, huile, spray, pastel. Les couches de glacis sont poncées, raclées, rayées,… dans un processus de création organique et hasardeux continuellement remis en question et pouvant parfois s’étaler sur plusieurs années.
Au début des années 2000, Jim Delarge abandonne toute représentation classique pour peindre sans aucun projet précis au départ du chaos de ses premiers jets :
« (… ) A l’atelier, c’est ce sentiment fugace des réalités enfouies que je tente de réveiller. Comme si, en régressant à ce stade, celui d’avant la culture, et celui d’avant la rationalité, j’étais capable de réactiver, en peignant, cette puissance des pensées enfantines, archaïques, cette belle pensée magique que je mets, de façon assez paranoïaque, très à distance, autrement. A l’atelier, dans le chaotique de mes premiers jets, quand des jeux d’ombres se mettent à évoquer des volumes improbables, apparaissent si facilement ces êtres curieux en question et c’est bien, dès cet instant que je sur-interprète mes taches, et que je les prolonge et les noie dans mes glacis. En émergent, au fil du temps, beaucoup d’autres imprévus que je conserve à nouveau comme des dons si précieux. Des dons, non pas venus de l’au-delà, je ne suis pas si mystique, mais d’en deçà du pensé. Ce travail hasardeux sur ces superpositions de chaos, la fameuse mécanique des fluides que je ressers à tout propos, ne peut s’avérer ni de l’ordre du surréalisme, ni de celui du fantastique, ni encore moins, de celui de l’art brut. On serait, ici, plus proche de la démarche d’un peintre abstrait qui jouerait sur des effets de lumière mais qui le lendemain y verrait des « trucs ». On ne peut, dans ce qui est donné par le chaos, et signé par moi, se raconter de belles histoires qui tiennent vraiment debout, en tant qu’histoires. Ce que je conserve du chaos offert est plus insensé et innommable. Ça renvoie plus à ce qu’on appelle si péjorativement le « n’importe quoi ». Or, le n’ « importe quoi », c’est ce qui échappe et peut aussi se prôner et n’est pas tant n’importe quoi que ça, du coup. In vino veritas, dit-on, par ailleurs. Il pourrait aussi bien y avoir une vérité sous ces logorrhées absconses. Une vérité pas si jolie à entendre. Pas si facile à articuler non plus. (…) ».
(Jim Delarge, Notes sur le fugace, 2015)
Venez découvrir ses univers, ses Xénomorphes, mais ne cherchez pas de série ou de suite logique. Chaque œuvre est unique et polysémique à la fois, résolument distincte de la précédente. Les éléments se modifient, s’affrontent, s’annihilent, s’hybrident.
Leur langage propre est intelligible ou ne l’est pas, comme les titres dont l’artiste affuble ses œuvres au petit bonheur ou après quelques « pastagas ».
Chacun y trouvera sa lecture, à l’instar des paréidolies.