A travers les symboliques du fluide, du lavement, jouant sur des rapports de formes, matières et échelles de mesures, Kathy Le Vavasseur imbrique, déforme, superpose. Elle casse, courbe et forme des structures légères et élastiques, usant de la maille du collant comme d’un voile sculpté, résineux et animé qu’elle finit par étendre pour rappeler les tumultes du Gange et des nombreux rites associés. Plus loin, travaillant de formes en sujets, et de sujets en séries, elle explore la terre, cassante, ténue et lourde à la fois. Elle lui donne le mouvement du point de contact entre air et eau, use de la technique du Nérikomi pour invoquer les couches d’individualités et créer là encore le paradoxe de la fluidité, mouvement, et de l’ancrage dense, massif et fragile à la fois.
Marquée par le Mékong et le Gange, et déchirée entre plusieurs Histoires, chemins de vies et cultures, elle associe des strates d’individualités et évoque la renaissance initiée par le lavement du corps. Ici usant de la performance, Kathy Le Vavasseur fait appel aux porosités de l’état d’être, corps, et idée spirituelle du corps. Elle orchestre le lavement recréant une coiffe attachée au sâdhus indiens, quelle explorera plus tard en formes minimales, organiques faisant souvent l’économie de toute expression normée du corps. Elle crée ainsi son alphabet de l’être, composant la synthèse la plus absolue possible. Le dénuement du sâdhu devenu forme ondulatoire, phallique et sans apparat.
Dans cet esprit de synthèse, son œuvre se rapproche de plus en plus de compositions macros. Elle use de radios de son corps ou d’anonymes qu’elle transforme et associe à des jaillissements de verre translucide, qu’elle sculpte dans son atelier. Elle montre ce qui, invisible marque le fond d’un être. Plus récemment, l’on retrouve des symboles empruntés à la science avec ses installations Translocation, Orogénèse, Neurone, Genèse…
Toutes les œuvres ramènent métaphoriquement à l’humain.